J’ai découvert le concours sur cette plateforme de boomer qu’est Facebook, vous savez le réseau social qu’on veut tous quitter parce que ce n’est plus très intéressant ce qui s’y passe mais auquel vous avez plein d’autres comptes rattachés… Ce qui m’a donné envie d’y participer était mon dernier appel fractionné de mes cotisations MSA depuis que je ne suis plus considéré comme Jeune Agriculteur et que je paye plein pot. L’intégralité de la dotation aura servi à renflouer les caisses du système français de protection sociale agricole : c’est l’histoire de la vie, le cycle éternel.
Ce que j’ai voulu raconter avec mon film est ni plus ni moins que mon quotidien de vigneron indépendant et modeste, pas assez pauvre pour se plaindre mais pas assez riche pour avoir un employé, donc jonglant entre plusieurs métiers qui supposent chacun des qualités différentes (le tractoriste ne s’embarrasse pas du souci du détail que peut avoir le comptable, etc.). J’avais peur que le sujet de fond soit un peu revu donc j’ai surtout travaillé la forme pour ne pas ennuyer les gens (et potentiellement les faire sourire) ce qui est – je pense – le plus périlleux.
Et puis surtout j’ai tout filmé avec mon portable, j’avais peur de passer pour un plouc, mais n’importe quoi qui filme, ça fait bien l’affaire.
Quand j’ai appris que le film était sélectionné, honnêtement j’ai pas bien compris…
J’ai juste pensé que l’organisation m’informait qu’ils avaient bien reçu mon film, c’est dire.
Quand je me suis déplacé pour voir mon court métrage et que j’ai réalisé qu’il allait être projeté dans un vrai cinéma avec pas mal de monde dans le public, je me suis dit merde… Et quand j’ai appris que j’avais gagné, je me sentais comme le Stanley Kubrick des vignes. Plus sérieusement, je pense qu’il y a un lien entre les métiers de la vigne et ceux du cinéma : on cherche à plaire avec nos productions, ce qui suppose de grands sacrifices qui donnent finalement un sens à notre activité.
En sortant du cinéma j’ai laissé la marque de ma main sur le ciment frais d’un trottoir en face signant « l’homme qui valait 2000 euros » et en rentrant chez moi j’ai fait la danse de la joie en caleçon quelques minutes. C’était un super moment mais je commençais tôt le lendemain en tracteur. C’était une célébration courte mais intense.
Si ça peut vous encourager à vous inscrire : ne vous prenez pas trop au sérieux, c’est un concours mais c’est organisé à la cool, et avec un peu de chance si vous avez le premier prix, ça fait pas mal d’argent.
J’aurais quand même apprécié que l’organisation inclue avec le premier prix la location d’une limousine, avec beaucoup de drogue et un tour de Nîmes by night, afin de vivre véritablement l’expérience des grands prix de Cinéma comme Cannes, mais bon je comprends ils ont pas trop de budget… Mais si le jury est intéressé, j’ai d’autres propositions.
Anecdote : moi je pensais à la base qu’il fallait être vigneron pour participer à ce concours de courts métrages. J’étais surpris de voir qu’il y avait plein de gens non-vignerons qui participaient… Que c’était même la grande majorité des participations, et que c’était des vrais professionnels de l’audiovisuel ! J’en menais pas large, à ce moment là je ne pensais pas spécialement gagner, y’avait des courts-métrages avec un rendu tellement propre. Désolé ça fait discours de Miss France, mais tous les courts métrages étaient vraiment réussis.